Historique musical

 Vers les années 1620, les Habsbourgs font partie des familles les plus puissantes de l’Europe : la 
dynastie possède des nombreux titres de royaumes, archiduché et duché, comté et propriété.

L’Espagne est entre leurs mains, l’Autriche, le royaume de Bohème et celui de Hongrie font partie de leurs possessions, et à la tête de l’immense Saint-Empire Romain germanique se tient ni plus ni moins que Ferdinand II de Habsbourg dirigeant l’ensemble de ses terres depuis Vienne. 

Véritable exaltation du pouvoir divin, mêlant royauté et règne de dieu sur terre, la messe est le terrain idéal aux princes Européens pour assoir leur influence. Ainsi, à Vienne, sous le patronage de leur empereur, les musiciens jouaient en continue pendant les offices, d’une musique puissante et inspirée.

Deux compositeurs sortent du lot : Christoph Straus et Giovanni Priuli. Si l’un est germain et l’autre importé des possessions italiennes, les deux compositeurs se partagent à tour de rôle le titre de Maitre de chapelle de la cours impériale. Les deux compositeurs écrivent un grands nombre de musiques religieuses destinées aux solennités impériales, pour toutes les occasions et conçoivent, selon le modèle esthétique du Vatican une musique spatialisée :

Là où la majeure partie des musiciens jouent d’une place fixe, les musiciens impériaux se répartissaient à travers les édifices. Le public, situé au centre pouvaient alors apprécier la musique venant de tout part. Pour renforcer l’effet, les compositeurs impériaux privilégiaient l’usage des instruments à vents, et des voix, le tout soutenu par plusieurs orgues afin de faire « baigner » l’auditoire dans un son continu.

Chose extraordinaire dans la conception musicale, ces différents groupes de musiciens répartis à travers les églises étaient musicalement autonomes les uns des autres. Autrement dit, ils avaient chacun des parties musicales différentes à jouer – le but n’étant pas de créer une stéréophonie, mais bien de jouer sur les différents dispositifs pour créer des effets d’écho, de joute, de question/réponse entre ces ensemble. De fait, le nombre de parties musicales est impressionnant.

Un chœur totalise généralement 4 voix/mélodies distinctes là où les dispositifs spatialisés nécessitent au minimum une dizaine de voix différentes, pouvant monter à des polyphonies extraordinaire atteignant jusqu’à 50 voix, comme pour la Messe de Salsbourg composée par H. I. Biber vers 1673 pour les 1100 de l’archevêché.

Pour le 3 mai, ce sera la Missa Gratiosa de Straus et des motets complémentaires de Priuli et de quelques autres musiciens dans le giron impériale qui résonneront à la Cathédrale de Puy. 4 ensembles seront répartis dans la cathédrale, avec 50 musiciens pour une polyphonie à 12 voix. Un moment unique et inoubliable !

Voici un lien vers notre billetterie : https://www.helloasso.com/associations/maitrise-de-la-cathedrale-du-puy-en-velay/evenements/le-printemps-de-la-cathedrale


Tout au long de votre lecture, vous profiterez d'extrait en attendant le concert du 3 mai



extrait - Claudio Monteverdi - Vespro della - Vespro della Beata Vergine, Deus in Adjutorium meum intende



Présentation de l'équipe 



Jean Baptiste Nicolas : Directeur de la maitrise de la cathédrale du Puy-en-Velay.

Jean-Baptiste Nicolas étudie en premier lieu le piano, le chant et la musicologie.
 C'est au CNSM de Paris qu'il entre en contact avec la musique ancienne et travaille en particulier sur les musiques baroques d'Europe centrale du XVIIe siècle dont il copie grand nombre de partitions inédites.
Il y étudie également la direction d'orchestre et fait ses premières armes avec l'Orchestre des Lauréats du Conservatoire.
En parallèle, il y étudie la trompette naturelle et se perfectionne en musique médiévale, se spécialisant dans les polyphonies des XIIIe et XIVe siècles.
Enfin, passionné par l'enseignement, il est titulaire d'un master de Pédagogie ainsi que d'un Certificat d'Aptitude à l'enseignement.

En tant que fondateur et actuel directeur artistique de l'ensemble, Jean-Baptiste Nicolas oriente le Consort vers ses centres d'intérets : la musique d'Europe Centrale des XVIIe et XVIIIe siècles, l'interprétation de la musique spatialisée, l'usage des vents dans les orchestres baroques, etc.

En tant que musicologue, il conçoit lui-même les programmes et édite en grande partie les œuvres interprétées et ce à partir des manuscrits originaux. Il complète ce travail par des recherches poussées, permettant d'assurer une interprétation historiquement informée et appliquée.


Actuellement, Jean-Baptiste Nicolas travaille sur les œuvres composées pour les cathédrales de Vienne et Kromeritz, ainsi que les institutions de Leipzig, avec des compositeurs tels que Muffat, Biber, Tolar, Vejvanovsky, Knüpfer, Tobias, Schelle...

Jean-Baptiste Nicolas est enseignant au CRR de Paris, au CMA du

9ème arrondissement, où il travaille avec les maîtrisiens et les orchestres tout en dispensant des cours des cours de direction.

Enfin, en tant que chanteur, il se spécialise dans l'interprétation de la musique médiévale des XIIIe et XIVe siècles, officiant ainsi dans plusieurs ensembles. En tant qu'instrumentiste, il joue de la trompette et du clavecin dans différentes formations et a déjà été dirigé par plusieurs chefs prestigieux (Emmanuelle Haïm, Hervé Niquet, Alessandro Moccia, Marcel Péres...).





Olivier Bardot - Chef de Chœur


Né d’une famille de musiciens, Olivier Bardot se forme dès son plus jeune âge dans le cadre de la Maîtrise des Hauts-de-Seine, chœur d’enfants de l’Opéra de Paris. Olivier Bardot crée son propre chœur de chambre, Stella Maris, chœur aujourd'hui acteur de la création musiclae et invité régulier de plusieurs grandes scènes musicales (Philharmonie de Paris, Théâtre du Châtelet...)

Passionné par la transmission de son art, Olivier Bardot est depuis ses jeunes années professeur diplômé d’Etat, notamment au conservatoire supérieur CRR de Paris. Il y enseigne depuis 2003 la polyphonie vocale, en particulier dans le cadre de la Maîtrise de Paris dont il est l’un des chefs.

Soucieux de rapprocher la musique liturgique du monde musical professionnel, Olivier Bardot enseigne le chant grégorien et polyphonique dans diverses communautés religieuses et séminaires, et siège au conseil stratégique national du mouvement Ecclesia Cantic. Dans ce cadre, il a également impulsé l’école de composition liturgique Veni Compositor et créé l’académie de direction chorale Lucerna Granville



Morgan Marquié - Luthiste et Musicologue

Luthiste, théorbiste et guitariste baroque, Morgan Marquié adopte une approche d’interprétation donnant priorité à l’exploration des possibilités sonores et timbriques de ses instruments. Il développe un langage personnel contrastant, nourri par les répertoires et les formes d’accompagnement et d’improvisation des musiques du 16e au 18e siècles.

Diplômé des CRR de Bayonne, Boulogne-Billancourt, Toulouse, et d’un Master Recherche, il se forme au CNSMD de Lyon auprès de Rolf Lislevand et y obtient un Master d’interprète en luth et cordes pincées en 2022, ainsi qu’un Master en musique de chambre.

Il se produit en concerts et dans le cadre de productions phonographiques en tant que continuiste et soliste au sein d’ensembles baroques tels que Le Concert de l’Hostel DieuMusica Vera, Les Furiosi Galantes. Fondateur et directeur artistique de l’ensemble La Quinta Pars, Morgan est également doctorant contractuel en musicologie au sein du programme Ricercar du CESR de Tours.



Consort Musica Vera - Ensemble Invité

Le Consort Musica Vera naît en 2017, alors que la majorité de ses membres sont étudiants aux Conservatoires supérieurs de Musique et de Danse de Paris et Lyon. Tout d’abord orienté vers la musique tchèque du XVIIIe siècle (Zelenka et Tůma principalement), le Consort trouve peu à peu ses marques dans la musique germanique du XVIIe siècle en exploitant principalement le courant du Stylus Fantasticus.

Lors de la crise sanitaire, le Consort enregistre son premier album en autoproduction et le publie en 2022, avec des compositeurs rares et parfois inédits du XVIIe siècle germanique, parmi lesquels Kerll, Knüpfer, Schelle, Straus et Muffat.

Cet album permet au Consort de se faire repérer et d’être programmé en 2023 au château de Versailles où il enregistre un disque consacré à la naissance du château de Versailles sous Louis XIII.

Depuis, Le Consort Musica Vera joue régulièrement au Château de Versailles et se produit également dans d’autres lieux : Paris, Festival du Monastier, Festival de Toul, Festival Mission on the Roc (Granville), Le-Puy-en-Velay... et prochainement dans toute l'Europe.

Le Consort travaille régulièrement avec le Label CVS (Château Versailles Spectacle) pour lequel il enregistre un album chaque année.





extrait - Freudenlied 


Instruments de la famille des Anches Double

La Dulciane & le Cervelas

 

A tout base d’une musique se trouve la basse. Aujourd’hui, elle est incarné par la contrebasse, la main gauche du piano ou la guitare basse, qui, amplifiées, assurent une rondeur inégalable dans nos ensemble musicaux.

Au XVIIème siècle, la situation est tout autre : prenant place dans des édifices gigantesques (palais, cathédrale, plein air…), les instruments graves se devaient d’être très audible et timbré. Attention, il ne s’agit pas là d’instrument particulièrement sonore ou puissant, mais d’instrument dont le timbre pouvait passer au travers d’un orchestre tout entier afin que chaque musicien puisse la distinguer.

Pour le concert du 3 mai, nous avons choisi de donner à trois instruments cette ligne de basse : à l’orgue dont la richesse sonore s’impose dans tout le dispositif musical, à la dulciane et au cervelas.

 

La dulciane

Ancêtre du basson, dont le Puy fut longtemps un ardent défenseur, la dulciane est un des instruments les plus graves de l’orchestres baroque. Instrument à vent, doté d’une anche double, la vibration de cette dernière par l’action du souffle du musicien déclencher un son très caractéristique : d’aucun dirait que la dulciane possède un son boisé très chaleureux. Le corps principale de l’instrument est en une seul pièce de bois – contrairement à nos bassons modernes – ce qui lui permet d’avoir un timbre extrêmement puissant et riche en harmonique. Certains de ces instruments sont également doté d’un petit pavillon en métal, ce qui peut donner un son métallique dans les nuances les plus élevés.

Les première dulciane apparaissent à la toute fin du XVème siècle et perdurent jusque dans les années 1700, où les facteurs améliorent l’instruments en ajoutant des clés, en séparant en deux le corps principal – cette modernisation amènera à la naissance du basson baroque, plus doux et plus apte à réaliser des mélodies claires, là où la dulciane était maître en dessin d’une basse distincte et boisée.

 

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Détail de la Procession en l’honneur de Notre-Dame du Sablon a Bruxelles le 31 mai [1616] par Denis van Alsloot. Museo Prado, Madrid

Dulzian (Choristfagott, gedackt) | Dulciane de Johann Christoph Denner (vers 1680) conservée au musée de Nuremberg

 

Alt-Tenor-Pirouetterackett |Cervelas de Carl Schurf conservé au musée de l’université de Leipzig

 

Le Cervelas.

La Dulciane, très pratique a un défaut : son encombrement. D’autant plus que la dulciane, traditionnelle peut descendre à peine plus grave que le violoncelle ce qui est déjà suffisant pour une basse.

Mais lorsque l’on veut descendre à la même tessiture que la contrebasse, dans les graves extrêmes, il faudrait théoriquement un instrument deux fois plus longs (dépassant les 2 mètre 50) ou deux fois plus large ce qui est impossible à tenir pour le souffleur qui devrait alors souffler deux fois plus. Pour répondre à ce détail, les luthiers et facteurs instrumentaux ont immédiatement imaginé une alternative : le Cervelas.

Cet instrument est une boite dans laquelle est enroulé un très long tuyaux dans un petit espace – la structure interne faisant penser au cerveau d’où le nom cervelas. Ainsi, une petite boite peut contenir sans aucun problème un tube de 2 mètres 50 autours de son axe. Les trous sont placé autours du  boitier pour les changements de notes. Paradoxe : il s’agit du plus petit instrument de l’orchestre et pourtant le plus grave.

 

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A découvrir le 3 mai, à entendre pendant le concert, et à échanger autour d’un moment convivial après au cloître de l’évêché avec les musiciens.

 


Table des Dulcianes et Cervelas – Syntagma Musicum, Michael Praetorius, 1614











 extrait - Nun Lob mein Seel - Andreas Hammerschmidt




extrait - Domine salvum fac Regem





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